Jochen Gerner

Lac Noir

25 février - 8 avril 2017


« Dans la Tête de… Jochen Gerner » Emission du dimanche 12 mars 2017, Radio Nova

 

En 2002, le projet TNT en Amérique (1) a été le point de départ d’une exploration des potentialités du recouvrement. Jochen Gerner poursuit aujourd’hui cette réflexion avec l’exposition Lac noir, s’attachant à une variété toujours plus grande de documents imprimés : cartes postales, photographies de magazines, carte géographiques, cartes de positions militaires, images didactiques, affiches de cinéma, bandes dessinées, etc.

Le titre de cette exposition fait référence au film d’horreur de Jack Arnold, L’Étrange Créature du lac noir (1954). Dans ce thriller, un paléontologue découvre au coeur de l’Amazonie, un fossile de main appartenant à une espèce inconnue. Persuadé qu’il s’agit du chaînon manquant entre l’homme et le poisson, il rassemble une expédition pour exhumer le reste du squelette. L’équipe décide alors de descendre le fleuve en bateau, s’enfonçant dans un territoire sauvage et poisseux, sans se douter que les eaux abritent encore l’étrange créature… Le 19 octobre 1982,
expérience inédite, les téléspectateurs français, munis de lunettes à filtres bleu et rouge, purent regarder ce film en relief sur leur téléviseur.
Le terme « lac noir », presque un oxymore, désigne autant l’idée de surface plane et visible que celle d’une profondeur cachée. Jochen Gerner fidèle à son approche de l’image effacée et du recouvrement, offre une possibilité de lecture et d’interprétation de cette matière noire. En travaillant par superposition, il donne l’illusion d’une réinterprétation totale de l’image originelle, invisible mais potentiellement présente sous la couche noire de l’encre.
Fidèle à sa pratique de l’observation, Jochen Gerner porte un regard analytique, critique et attentif au domaine de l’image. Il se situe à la fois à l’intérieur et à l’extèrieur des images : simultanément auteur et observateur. Ce regard résiste néanmoins au discours ; il procède par juxtaposition, « mettant des images les unes à côté des autres », et relève de l’inventaire, de l’énumération.
« En travaillant pendant plusieurs heures sur une image de départ, précise-t-il, je rentre complètement à l’intérieur de sa construction. Je cherche la faille, l’interstice qui va me permettre de rentrer réellement et autrement dans l’image. » (2)

Cette exposition présente des séries de dessins recouvrant des supports imprimés de sources diverses. Les multiples surfaces d’encre de Chine composant ces dessins apparaissent comme autant de petits lacs noirs.

  1. Jochen Gerner, « TNT en Amérique », texte disponible sur le site de la galerie : http://www.galerieannebarrault.com/jochen_gerner/tnt.html.
  2. Jochen Gerner cité dans Adrien Bugari et Olivier Sécardin, « La possibilité du retrait », Mouvement, n°54, janvier-mars 2010, p.150.

 

"Lac Noir" de Jochen Gerner
vue de l’exposition « Lac Noir » de Jochen Gerner
galerie anne barrault, 2017
photographies de Alberto Ricci

 

"Lac Noir" de Jochen Gerner
vue de l’exposition « Lac Noir » de Jochen Gerner
galerie anne barrault, 2017
photographies de Alberto Ricci

 

"Lac Noir" de Jochen Gerner
vue de l’exposition « Lac Noir » de Jochen Gerner
galerie anne barrault, 2017
photographies de Alberto Ricci