Liv Schulman

12 octobre - 23 novembre 2024


La galerie Anne Barrault est très heureuse d’accueillir la deuxième exposition personnelle de Liv Schulman dans son espace.
Son nouveau film Un circulo que se fue rodando a été réalisé dans les rues de Buenos Aires, et plus spécifiquement dans le Microcentro, avec des comédiennes et comédiens, des ami.es ainsi que des tantes de Liv Schulman.

Dans les rues de la capitale argentine, un groupe de 40 personnages portant des t-shirts sur lesquels sont imprimés des slogans, se déplacent dans une étrange chorégraphie en cinq plans séquences. La caméra filme dans les rues, les banques et les bars, enregistrant les dialogues des protagonistes.

Un circulo que se fue rodando dépeint un portrait psychiatrique d’une société qui vit une crise permanente.

Les paroles se diffusent très vite dans la rue, se mélangeant au bruit ambiant, et forment un “ballet collectif” qui permettrait à chaque individu d’être dans un seul et même groupe, et d’échanger.
Un échange d’argent, sujet récurrent dans son film, alertant sur le fait que le peso devient extrêmement faible et que le dollar prend petit à petit plus de place. On comprend, ainsi, que la crise économique et sociétale de l’Argentine, angoisse le peuple, qui essaye, tant bien que mal, de se rassurer en parlant de sujets légers et surréalistes tels que l’astrologie, l’ésotérisme, ou la nouvelle religion occultiste, jusqu’à ce que “La politique devienne ésotérique pour faire face à la crise.” (1)

Liv Schulman explique qu’elle a construit ce texte sur plusieurs années : « Pendant dix ans j’ai réfléchi à ce projet de film entremêlant des dialogues, et des textes imprimés sur des t-shirts et des devantures de boutiques.
Le quartier que j’ai filmé est aussi le mien. J’ai beaucoup traîné dans la rue, les bars et les bus, à écouter ce que les gens disent. Parallèlement, j’ai parcouru les archives de la prison de femmes (entre 1904 et 1970) à Buenos Aires, une prison tenue par des religieuses françaises, et là-bas j’ai vu qu’il y avait beaucoup de femmes qui étaient enfermées pour des problèmes « psychologiques », mais qui en fait étaient des questions de mœurs et du comportement du corps et de la sexualité dans le contexte public. J’ai aussi compilé plein d’histoires que m’a racontées un psychiatre guarani de Misiones, (ville du littoral argentin) : le Dr. Sebastian Baez. Et ensuite j’ai inventé des choses inspirées par les ressources même de la ville.

Le résultat est un film écrit sur trois piliers : les problèmes économiques, les problèmes psychiatriques et une méthode contraceptive de libération.
Le choix du parcours est un choix sémantique en relation avec le nom des rues, de Libertad nous passons à Corrientes, puis Florida où s’opère le change de dollars en pesos, et de là à la City, où le film finit, dans la banque coopérative du Parti Communiste. J’ai voulu retranscrire dans le parcours une histoire économique et émotionnelle de la ville.” (2)

 

(1) Extrait du texte de Santiago Villanueva, “La pose et les mots”, 2024 pour la publication dédiée aux performances de Liv Schulman à paraître chez Temblores Publicaciones à l’automne 2024.

(2) Propos recueillis par Nicolas Feodoroff à l’occasion d’un entretien avec Liv Schulman réalisé dans le cadre du FID Marseille 2024.