Neïla Czermak Ichti

Repos à nos magiques

28 août - 9 octobre 2021

La galerie anne barrault est heureuse de présenter la première exposition personnelle de Neïla Czermak Ichti, qui vient d’être diplômée de l’École des Beaux-Arts de Marseille.

Neïla Czermak Ichti
Les anges de Porte Dorée, 2021
peinture acrylique sur drap de coton
170 x 170  cm


Certaines peintures représentent des formes existantes, peut-être reconnaissables comme des figures, des bouches, des visages, des corps. On en reconnait des identités fixes, données comme telles, que l’on reconnait souvent comme appartenant à des strates de la populations qui se retrouve à nouveau représentée partout : dans des magazines, à la télévisions, dans les musées… Comme si tout aller de soi.

D’autres peintures représentent des oracles.

Si Neila Czermak n’existait pas à travers ses rêves, ses fantaisies, ses traversées de portes du temps, on serait encore là à identifier ces mêmes corps, comme étant données. Alors que souvent la vérité se trouve ailleurs. Sa manière de peindre des scènes quotidiennes, tout en les « twistant » est une manière aussi réelle de parler d’histoires souvent oubliées et considérées comme allant de soi, une nouvelle fois. Neila Czermak prouve que rien ne va de soi, qu’il faut attirer l’attention sur ce petit monstre qui dort sous nos lit ou la phrase prononcée (disait-elle la vérité?) par une grand-mère de l’autre côté de la Méditerranée.

Car à travers l’apparition d’un clown, de cornes monstrueuses, une main robotique, ou encore d’une figurine de Dragon Ball Z, la peintre nous invite à redéfinir nos certitudes sur le monde invisible, à politiser aussi nos mots et à s’intéresser à tromper nos certitudes – de façon à la fois visionnaire et rendant hommage à nos mères, mais aussi nos frères, souvent déshumanisés, et nos soeurs, souvent incomprises.

Les peintures de Neila Czermak replacent un espoir dans une manière juste de parler de nous, tout en plaçant la bizarrerie comme une position radicale et une manière d’être au monde. Peut-Etre est-ce le moment de ne pas revenir à du normal, plus plutôt de faire confiance aux signes, au hasard et à tout ce qui est impossible à expliquer.

D’autres peintures représentent des oracles.

Et enfin, d’autres peintures font plus que représenter, elles annoncent une fin, peut-être celles de l’identité, pour ouvrir à d’autres possibles urbains, tout en les célébrant.

Tarek Lakhrissi, 2020


Avec le soutien aux galeries / première exposition du Centre national des arts plastiques   

Neïla Czermak Ichti
Monstresse qui aime le sucre, 2019
acrylique sur carton
59,3 x 52,8 cm (avec cadre)

Neïla Czermak Ichti
sans titre, 2018
stylo bille bic sur papier
51,2 x 59,2 cm (encadré)

Neïla Czermak Ichti
Firas, 2020
peinture acrylique à l’aérographe sur bois
50 x 70 cm

A l’occasion de cette exposition, la première monographie de Neïla Czermak Ichti vient d’être publiée aux éditions P.

Neïla Czermak Ichti
Repos à nos magiques, 2021
23 x 30 cm (relié cartonné / hardcover)
80 pages (53 illustrations )
Texte de / text by Neïla Czermak Ichti (fr/en)

Éditions P.
25 €
Il y a environ deux ans, un ami m’a demandé : quel est ton monstre de film d’horreur préféré ? Il ne m’a pas fallu une minute pour lui répondre, le monstre dans Alien, le huitième passager, c’est le plus beau et le plus incroyable que j’aie jamais vu, il me tord le cœur. Peu de temps après, j’ai décidé de regarder le film à nouveau. J’ai été aussi bouleversée par l’Alien Xénomorphe que les fois précédentes. À la fin du film, j’attendais impatiemment les crédits, je cherchais son nom. Il était temps que je sache qui incarnait un de mes personnages préférés. Mon émotion a chuté brusquement et s’est transformée en un pincement sec quand j’ai compris qu’il n’avait pas été crédité avec les autres acteurs, mais avec l’équipe des cascadeurs, la voix de l’ordinateur, le chat du film et son équipe de dressage.
[…]
Quand j’étais enfant et que j’ai vu Alien, je ne m’attachais pas aux noms des acteurs, je tenais seulement compte des histoires et des personnages. Lorsque j’ai vu l’Alien Xénormorphe, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’effets spéciaux, que c’était bien quelqu’un. Il avait l’air si réel, il existait si bien. Avec cet unique rôle au cinéma, et très longtemps avant que j’apprenne son existence, Bolaji Badejo avait touché l’enfant que j’étais et qui aimait rappeler à tout le monde « Mon prénom à l’envers, ça fait Alien ». C’est bien plus tard, devenue jeune adulte, que j’ai découvert qu’il s’agissait d’un étudiant en art, comme moi, à peine plus âgé que moi.
Neïla Czermak Ichti, 2021
(extrait du texte Hommage et paix à Bolaji Badejo)