Mon enfant peut en faire autant

Aélita, César, Ulysse, Sasha, Marta, Caspar, Nicolas, Pavel, Oona, Pumitta, Roberto et David B., Jochen GERNER, Ramuntcho MATTA, Guillaume PINARD, Roland TOPOR

10 mars - 21 avril 2018


L’idée de cette exposition commence avec un livre intitulé « Un monsieur tout esquinté » publié en 1972. Il rassemble une centaine de dessins réalisés par Roland Topor et son fils Nicolas, alors âgé de 5 ans.
L’ouvrage débute avec un entretien entre le père et son fils :
« Nicolas, vous êtes un petit garçon de cinq ans et demi, vous faites de superbes dessins et vous racontez de magnifiques histoires, pourtant cela ne semble étonner personne.
On ne vient jamais vous interviewer pour connaître votre avis sur une foule de choses, comme l’Art, votre œuvre, ou les différents problèmes de l’heure. Cette indifférence est surprenante à une époque où l’on est particulièrement friand d’opinions. Je suis donc heureux de réparer cet oubli grâce à la série d’entretiens que vous avez bien voulu m’accorder…. »
Dans cet échange Nicolas Topor parle d’un Chinois, de chevaux et d’Indiens. Il déclare d’ailleurs parler couramment indien.

De nombreux artistes ont parlé du dessin d’enfant, comme un dessin brut, d’un dessin primitif, dénué de toutes formes préfabriquées, loin de toute socialisation. Un geste pur, non encore conditionné.
Céline Delavaux dans un article publié dans la revue Hors-Champs explique que : Dans les années vingt, Paul Klee accorde un rôle déterminant aux travaux des enfants qu’il donne pour modèles à ses étudiants du Bauhaus. Il introduit ses propres dessins d’enfant dans le catalogue de ses œuvres : « Je veux être un nouveau-né, ne sachant rien de l’Europe, ignorant les poètes et les modes, presque un primitif. »

En 1863, dans « Le peintre de la vie moderne », Baudelaire écrivait « Le génie n’est que l’enfance retrouvée à volonté (… )», ou encore « rien ne ressemble plus à ce qu’on appelle l’inspiration, que la joie avec laquelle l’enfant absorbe la forme et la couleur »

 

Ramuntcho Matta, lui, dessinait régulièrement dans l’atelier de son père Roberto. Tous deux réalisaient des peintures et des dessins ensemble. Le père était très intéressé par les dessins de son fils. Pour Ramuntcho Matta, en plus du plaisir de peindre, c’était un moyen d’entrer en communication avec son propre père, un dialogue silencieux, un dialogue par les formes.
Le jour où Ramuntcho Matta est devenu parent, il a laissé ses enfants œuvrer de leur côté, en se gardant d’intervenir, sans vouloir s’imposer. Sa manière a lui de dialoguer avec eux fut de leur dessiner des histoires.

Il y a quelques années, Jochen Gerner avait réalisé des dessins avec ses fils Pavel et Caspar.
Aujourd’hui il dessine avec sa fille Marta qui a 6 ans. Chaque jour, elle réalise plus d’une dizaine de dessins, à l’école, dans sa chambre, dans l’atelier de son père. Jochen Gerner a pris l’habitude de conserver précieusement les dessins de ses trois enfants. Il n’a jamais voulu leur apprendre à dessiner, surtout pas ! Aujourd’hui il présente un ensemble de dessins réalisés à 4 mains avec Marta, Caspar et Pavel.

En 2010, Guillaume Pinard a réalisé avec sa fille Sasha un livre. Les dessins avaient été réalisés individuellement, mais ils les ont ensuite sélectionnés pour qu’ils se répondent.
Après cette expérience, Guillaume a proposé à sa fille de réaliser un film d’animation. Sasha a imaginé l’histoire et Guillaume a créé l’animation avec les dessins de sa fille. « Youki », puisque c’est le titre de ce film, narre une histoire dramatique. Sasha du haut de ses 5 ans, à l’époque, ne l’avait pas aimé. Depuis, 7 années se sont écoulées, elle a appris à l’apprécier et nous a donné son accord pour le montrer aujourd’hui.
Et enfin David B présentera des dessins réalisés avec son fils Ulysse. Le grand frère de David B en est le sujet. Ce frère terrassé par la maladie et sublimé par David B au fil de ses livres et ses expositions. Aujourd’hui, son fils dessine cet oncle qu’il ne connaît qu’à travers les dessins de son père.

Le titre de cette exposition est emprunté à certains visiteurs, qui en regardant une œuvre ayant peu de valeur à leurs yeux, disent que leur enfant pourrait en faire autant.
Alors, comment ne pas conclure en citant cette fameuse phrase de Picasso : Quand j’étais enfant, je dessinais comme Raphaël mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant.

 

 

 

Marta et Jochen Gerner
Vitesse, 2017
encre et feutre sur papier
21,7 x 29 cm

 

 

 

Ulysse et David B
les habitants du mirage, 2018
encre et feutre sur papier
21 x 29 cm

 

 

Nicolas et Roland Topor
Point d’interrogation, 1972
encre sur papier
15 x 13 cm

 

 

 

 

Ramuntcho et Roberto Matta
sans titre, 1965
crayons de couleur sur papier