Katharina Bosse

Surface Tension

21 mars-10 mai 2001


Née en 1968, Katharina Bosse passe toute son enfance en Allemagne.
A partir de 1994, elle réalise de nombreuses expositions en Allemagne et aux Etats-Unis.
En 1997, elle s’installe à New-York, où elle vient récemment de participer à une exposition de groupe au Museum of Modern Art.
Katharina Bosse présente aujourd’hui sa première exposition personnelle à Paris.

 

Katharina Bosse
sans titre, 1994
photographie couleur, 60 x 50 cm
All right reserved. © Katharina Bosse, 1994

 

Katharina Bosse
sans titre, 1997
photographie couleur, 60 x 50 cm
All right reserved. © Katharina Bosse, 1994

 

Les photographies de Katharina Bosse font partie de cette culture de la surface, ce royaume séduisant et enchanteur. Elles sont à la fois des miroirs dans lesquels on pourrait découvrir sa propre identité et des fenêtres par lesquelles s’échapper du présent pour un monde bizarre.
D’abord il y a des intérieurs inoccupés, des espaces saturés d’une décoration bourgeoise, souvent kitsch, des espaces démodés qui, comme dirait Walter Benjamin, commencent à livrer leurs secrets précisément à l’instant de leur obsolescence. Ces intérieurs où l’on devient une sorte de voyeur, sont vraiment curieux ; monde bizarre qui se révèle par-delà la surface de la photographie.
On est invité à rentrer dans ces espaces surprenants d’un autre monde, à les traverser sur la pointe des pieds, craignant à tout moment que, comme Alice à travers le miroir, un personnage étrange ne surgisse soudain.
Dans les photographies suivantes, de tels personnages apparaissent vraiment, marginaux indéterminés qui semblent appartenir à leur univers marginal, et le refléter. Des personnages hétérotopiques dans des espaces hétérotopiques.
Et pourtant, comme les personnages du jeu de cartes d’Alice au Pays des Merveilles, ils n’ont pas l’air tout à fait réels. Les sujets ressemblent à des découpages de carton sans ombre, ils paraissent n’avoir virtuellement aucune profondeur. Comme les photos, ce sont des créatures de la surface, portraits dont l’identité cependant ne se laisse jamais deviner tout à fait. Malgré les détails suggestifs et les couleurs riches, les images ne révèlent jamais complètement les secrets de leurs sujets. Ce sont des gens qui, comme le reconnaît Katharina Bosse, gardent quelque chose d’eux-mêmes… On est jamais sûr de leur histoire. Ils prennent la pose, et semblent devenir des mannequins inanimés. Et pourtant c’est cette impression même de vide qui invite à occuper l’espace de la photographie, à le remplir de sens, miroir de nos propres émotions.

Neil Leach
extrait du texte Through the Looking Glass, 2000
publié dans Surface Tension, monographie de Katharina Bosse, éditions Kruse