Ramuntcho Matta est un artiste éclectique, qui vient de et navigue vers tous les horizons. Des collaborations avec le peintre, écrivain et poète Brion Gysin, le plasticien sonore John Cage, le jazz-man Don Cherry, ou encore la chanteuse et actrice Elli Medeiros ont alimenté un univers artistique interdisciplinaire chez Ramuntcho Matta.
Du papier au son en passant par la vidéo, l’installation et la performance, il définit un art de connexion entre ces différents médiums.
A l’occasion de sa troisième exposition personnelle à la galerie anne barrault, Ramuntcho Matta étudie une notion qui tend à s’effacer dans une société où tout va vite, où la surconsommation est de rigueur et le tout « tout de suite » est primordial, l’ATTENTE. À l’Individu qui semble l’avoir oubliée, il pose la question de son actualité et de sa validité. Quelle est la définition de ce terme ?
Sommes-nous face à une idée et non plus une réalité ? À quoi correspond-il ? L’attente n’est-elle pas indispensable à un équilibre de vie ?
Ramuntcho Matta plonge le visiteur dans une salle d’attente. Les meubles, les sons, les dessins et les revues se côtoient pour créer un décor. Le mobilier bancal fait naître un sentiment d’inconfort, des chansons populaires sont remaniées, des dessins font référence à la médecine, aux cultes ésotériques tel que le chamanisme. Les revues Middle age et Tao teaching (la voie de l’enseignement) prennent à contre-pied les lectures le plus souvent futiles des salles d’attente. Le public doit expérimenter cet espace-temps, pour extraire des idées, chercher des connaissances, imaginer des possibles.
Du latin attendere « tendre vers », « être attentif » l’artiste cherche à capter l’attention et à pousser le public à regarder son environnement, lui faire prendre conscience de cette attente pour changer sa manière de voir les choses (1). Il lui suggère, lui offre un moment de pause, un moment de réflexion qui peut être constructif, passif, difficile et destructeur à la fois. Passif ne semble pas du goût de Ramuntcho Matta qui cherche à utiliser ce moment pour prendre le temps, dans une attente essentielle, ponctuée d’évènements.
« Il existe des oeuvres qui font tout pour attendre, pour être attentives, pour ne pas savoir ; qui ont l’attente non seulement comme thème mais comme mode d’être » (2).
Romain Salomon
- Dictionnaire Logos, éditions Bordas, 1983, p. 167.
- Michael Edwards, Eloge de l’attente, T.S. Eliot et Samuel Beckett, éditions Belin, 1996, p. 9.